Dignité et reconnaissance : les survivantes ivoiriennes passent à l’action avec le Code Murad
Les 25 et 26 novembre 2024, sept femmes leaders issues de la communauté des survivantes ivoiriennes de violences sexuelles liées aux conflits ont participé à un dialogue de deux jours centré sur le Code Murad. À travers cet échange, elles ont réaffirmé leurs droits face aux nombreux acteurs qui ont collecté — et continueront de collecter — des informations sur leurs récits et leurs luttes. Une participante résume ces discussions :
« Le Code Murad nous a appris que nous avons des droits et comment demander qu’ils soient respectés par celles et ceux qui interagissent avec nous. »
Les discussions ont dépassé le simple échange d’idées : elles ont permis de renforcer la solidarité et la transformation collective entre survivantes. Accompagné par une praticienne en santé mentale et soutien psychosocial, ce dialogue fut aussi un moment d’écoute, de partage d’expériences et de reconnaissance des parcours similaires de lutte et de reconstruction.
Le projet Code Murad
Cet événement est le premier d’une série de trois dialogues communautaires que le projet Code Murad soutiendra à travers le monde entre 2024 et 2026. Ces dialogues sont l’occasion pour l’équipe du projet d’apprendre, directement auprès des survivantes de violences sexuelles systémiques et liées aux conflits, comment elles pourraient utiliser le Code comme outil de plaidoyer pour faire valoir leurs droits dans leurs interactions avec celles et ceux qui recueillent et utilisent leurs informations.
« En apprenant l’existence du Code Murad, j’ai renforcé mes connaissances », a confié une participante. « Je ne connaissais pas le Code et je n’étais même pas consciente d’avoir autant de droits. »
Demander réparation dans un système à l’arrêt
La Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, établie à la suite des violences post-électorales de 2011, a conclu que les violences sexuelles avaient été généralisées à travers le pays, perpétrées par toutes les parties aux conflits survenus entre 1990 et 2011.
Mais les survivantes en Côte d’Ivoire se heurtent à la lenteur de la justice, à des réparations quasi inexistantes et à l’absence de normes claires au sein des institutions chargées de répondre à leurs besoins. Une participante a ainsi déclaré :
« Nous avons besoin que les autorités reconnaissent l’existence des survivantes [de violences sexuelles liées aux conflits] en Côte d’Ivoire, et se rendent compte que nous n’avons pas reçu le soutien nécessaire pour restaurer notre dignité. »
Face à ces blocages systémiques, nombre d’entre elles cherchent des moyens alternatifs d’interpeller les autorités nationales. L’objectif de ce dialogue communautaire est de renforcer le leadership des survivantes ainsi que leurs capacités de plaidoyer, en utilisant le Code Murad comme outil et cadre de référence.
Deux jours de dialogue et de collaboration
En s’appuyant sur les principes du Code, les participantes ont élaboré collectivement deux idées de vidéos poignantes qui seront produites à l’issue du dialogue : l’une à destination des autorités nationales, et l’autre pour apporter un soutien aux nombreuses survivantes qui se sentent découragées.
Ces activités ont mis en lumière la force et la détermination de ces femmes à briser le silence et la marginalisation. Par leurs voix, elles ouvrent la voie à la justice, à la reconnaissance et à la guérison — non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour d’autres en Côte d’Ivoire qui partagent leur vécu.
« J’ai beaucoup appris sur mes droits grâce au Code Murad, » a témoigné une participante. « J’ai hâte de partager mes nouvelles connaissances avec d’autres survivantes. »
En tant qu’activistes et leaders, ces survivantes ne se contentent pas de remettre en cause le statu quo : elles inspirent aussi l’espoir et la résilience au sein de leurs communautés. L’équipe du projet Murad Code est honorée de pouvoir collaborer avec elles.